Espaces vectoriels normés/Dimension finie
Dans ce chapitre, nous verrons comment les choses se simplifient dans le cas où les espaces vectoriels considérés sont de dimension finie. En particulier, nous verrons que :
- les compacts d'un espace vectoriel de dimension finie sont simples à caractériser ;
- les applications linéaires entre espaces vectoriels de dimension finie sont automatiquement continues.
Finalement, nous verrons le théorème de Riesz qui relie des informations de nature topologique (la compacité de la boule unité fermée) avec des informations algébriques (le fait d'être de dimension finie).
Équivalence des normes et conséquences
modifierOn sait déjà qu'une partie compacte est toujours fermée et bornée ; il s'agit donc de montrer la réciproque.
Commençons par montrer que tout intervalle de de la forme est compact.
- Soit une suite de . Le théorème de Bolzano-Weierstrass nous assure de l'existence d'une suite extraite convergente . Soit sa limite. Comme est un fermé de , . Ainsi, admet une valeur d'adhérence dans , ce qui prouve que est compact.
Examinons maintenant le cas général.
- Soit une partie fermée et bornée de . Comme est bornée, elle est incluse dans un pavé . Or, la compacité de implique celle de , et comme est un fermé inclus dans ce compact, on en déduit que est compact.
Nous allons tout d'abord démontrer le résultat pour l'espace , en montrant que toutes les normes sur sont équivalentes à la norme infini .
Soit une norme sur . Notons la base canonique de . On a alors, en utilisant l'inégalité triangulaire :
- .
Posons . Ainsi,
- .
Avec la seconde inégalité triangulaire, on en déduit :
- ,
ce qui prouve que sur , est -lipschitzienne donc continue.
Dans , la sphère est fermée et bornée donc compacte. La restriction de à est donc continue sur un compact, ainsi elle est bornée et atteint ses bornes. Notons sa borne inférieure. Celle-ci, a priori positive ou nulle, est forcément non nulle car implique , ce qui est impossible sur la sphère.
Finalement, soit . Alors, , ce qui donne :
ou encore :
- .
Cette inégalité restant vraie pour , on a fini de montrer que est équivalente à la norme infini.
Considérons maintenant un ℝ-espace vectoriel E de dimension finie n. Alors, E est isomorphe à . Notons un tel isomorphisme.
Soient et deux normes sur E ; on vérifie que et sont des normes sur , qui sont donc équivalentes.
Il existe donc tels que . La surjectivité de permet alors de conclure.
- Remarque
- En particulier sur un -espace vectoriel E de dimension finie m, toutes les normes sont équivalentes, puisque E est alors un -espace vectoriel de dimension finie n = 2m.
Soient et deux e.v.n. réels et une application linéaire. Si est de dimension finie, alors est (uniformément) continue.
Notons une base de , et définissons par :
- .
On vérifie que est une norme sur . Puisque est de dimension finie, on sait alors que et sont équivalentes, c'est-à-dire définissent la même topologie.
Or
- ,
ce qui prouve la continuité de .
Tout e.v.n. réel de dimension finie est complet.
En particulier, tout sous-espace vectoriel de dimension finie d'un e.v.n. réel E est complet, donc fermé dans E.
Soit un e.v.n. réel de dimension finie , alors il existe un isomorphisme de dans que l'on note .
La proposition précédente nous assure que les bijections et sont uniformément continues.
Ainsi, est complet car l'est.
- Remarque
- On peut démontrer les deux propositions ci-dessus sans faire appel à la notion de compacité :
Faites ces exercices : Exercice 3-4 : équivalence des normes et complétude. |
Compacité et dimension finie
modifierUne partie d'un ℝ-e.v.n. de dimension finie est compacte si (et seulement si) elle est fermée et bornée.
Nous avons déjà vu que dans un e.v.n. quelconque, toute partie compacte est fermée et bornée.
Réciproquement, soit A une partie fermée et bornée d'un ℝ-e.v.n. E de dimension finie n. Alors, E est isomorphe à ℝn. Notons un tel isomorphisme. Les applications et sont linéaires continues (quelles que soient les normes choisies sur E et sur ℝn, puisque toutes les normes sur un ℝ-e.v. de dimension finie sont équivalentes). Ainsi, est une partie fermée et bornée de ℝn ; elle est donc compacte, si bien que son image par l'application continue est compacte.
Réciproquement :
Un ℝ-e.v.n. est de dimension finie si (et seulement si) sa boule unité fermée est compacte.
Soit E un ℝ-e.v.n.. Sa boule unité fermée est compacte d'après le théorème précédent si E est de dimension finie.
Réciproquement, supposons que est compacte.
La famille est un recouvrement ouvert de dont on peut extraire un sous-recouvrement fini .
Notons alors F le sous-espace engendré par la famille . Par construction, donc (par récurrence) , c'est-à-dire . Mais F étant de dimension finie, il est fermé. Par conséquent, , si bien que . Ceci prouve que E est égal à F donc est de dimension finie.