Calcul différentiel/Recherches d'extrema
Dans ce chapitre, nous allons aborder des théorèmes qui portent sur l'existence d'extrema locaux de fonctions définies sur des ouverts, puis nous verrons des méthodes plus générales permettant de trouver des extrema.
désigne un ouvert de dans tout le chapitre. (Les théorèmes suivants sont inapplicables sans cette hypothèse.) |
Définition
modifierSoit une fonction et un point .
admet un maximum (respectivement minimum) local en s'il existe tel que
- la boule de centre et de rayon soit incluse dans ;
- pour tout point de cette boule, (respectivement ).
Un extremum local est minimum ou un maximum local.
Avec les mêmes notations que précédemment, l’extremum local est strict si de plus
Points critiques
modifierDéfinition
modifier
Condition nécessaire sur la différentielle
modifierSi admet un extremum local en alors :
- pour tout vecteur , la dérivée de en suivant le vecteur , si elle existe, est nulle ;
- les dérivées partielles de en , si elles existent, sont nulles ;
- si est différentiable en alors est un point critique.
, et est un corollaire du théorème de Fermat sur les extrema locaux d'une fonction numérique.
La recherche d'extrema locaux commencera donc toujours par la recherche des points critiques de la fonction étudiée.
Pour rechercher les points critiques, il faut résoudre le système d'équations :
.
Matrice hessienne
modifierDéfinition
modifierSoient deux fois différentiable en . La matrice hessienne de en est la matrice de sa différentielle d'ordre 2 en :
.
Selon le théorème de Schwarz, la hessienne est symétrique.
Condition nécessaire sur la différentielle seconde
modifierSoit deux fois différentiable en et sa différentielle d'ordre 2 en ce point.
- Si admet un minimum local en alors est positive.
- Si admet un maximum local en alors est négative.
Montrons par exemple le point 1 donc supposons que admet un minimum local en . Pour tout , la fonction admet alors un minimum local en , donc .
Ce théorème est surtout utilisé pour nier l'existence d'un extremum en un point critique. Il peut suffire par exemple de trouver des valeurs propres de la matrice hessienne qui sont positives et d'autres qui sont négatives, pour montrer qu'un point n’est pas un extremum.
Condition suffisante d'existence d'un extremum
modifierSoit deux fois différentiable en un point critique et soit Q sa différentielle d'ordre 2 en ce point.
- Si Q est définie positive, admet en un minimum local strict.
- Si Q est définie négative, admet en un maximum local strict.
Soit H la matrice hessienne de ƒ en (c'est la matrice de Q).
H est symétrique réelle.
Soient les valeurs propres de H.
Si Q est définie positive (par exemple), alors .
On applique le théorème de Taylor-Young (au point critique)
Pour h assez petit, on a
Donc
On a donc un minimum local strict.
Cas particulier n = 2
modifierSi est une fonction de deux variables réelles, sa hessienne en un point est de la forme
(notation de Monge).
Il est alors très facile de déterminer le signe des deux valeurs propres de et donc le statut de (positive, définie positive, etc.), sachant que
Extrema liés
modifierSoient E un espace de Banach, U un ouvert de E, et des fonctions de classe C1, et tel que :
- ;
- la restriction de à admet un extremum local en ;
- l'application linéaire est surjective (autrement dit : les formes linéaires sont linéairement indépendantes).
Alors, il existe réels — appelés multiplicateurs de Lagrange — tels que
- .
Soient le noyau de et un supplémentaire (de dimension puisque est surjective). Alors, et sont supplémentaires topologiques, c'est-à-dire que la bijection linéaire est continue ainsi que sa réciproque. On peut donc sans perte de généralité supposer que . D'après le théorème des fonctions implicites, il existe alors dans un ouvert , et une application de classe C1, tels que
- .
L'application admet un extremum local en donc , c'est-à-dire . Autrement dit, est nulle sur l'intersection des noyaux des formes linéaires , ce qui signifie qu'elle est combinaison linéaire de ces formes.