En raison de limitations techniques, la typographie souhaitable du titre, « Calcul différentiel : Différentiabilité Calcul différentiel/Différentiabilité », n'a pu être restituée correctement ci-dessus.
Si n'est pas définie sur tout entier mais seulement sur voisinage de , on adopte la même définition, après avoir prolongé à de façon arbitraire (la définition ne dépend clairement pas du choix du prolongement).
Si est différentiable en , l’application ci-dessus est unique. On la note et on l'appelle la différentielle de en .
Démonstration
Soit L' une application linéaire vérifiant également la définition de la différentielle de f en a. Posons u = L – L' et montrons que u = 0 (sans utiliser l'hypothèse que L et L' sont continues, ni même le fait que la topologie de l'espace vectoriel F est issue d'une norme : on utilise seulement qu'elle est séparée). Soient s un vecteur de norme 1 dans E et V un voisinage de 0 dans F. Puisque , il existe un rayon α > 0 tel que . Or par linéarité de u, . Ainsi, u(s) est dans tous les voisinages de 0 et donc u(s) = 0 par séparation de F. Par suite, u = 0 et L = L'.
Propriété
La différentiabilité de en implique la continuité de en .
Démonstration
Cette implication résulte immédiatement de
et de la continuité de en .
Remarques
Si la définition du vecteur dérivé de au point est . Dans ce cas, les notions de différentiabilité et dérivabilité se confondent donc et . Cependant, on verra plus loin que si , l’existence de dérivées partielles en un point n'implique pas la différentiabilité ni même la continuité en ce point.
De même que pour les fonctions de dans , la propriété de différentiabilité est ponctuelle.
Si est linéaire continue alors elle est différentiable en tout point et .
Exemples de calcul d'une différentielle
Soient , et trois espaces vectoriels normés et une application bilinéaire. Si est continue alors elle est différentiable en tout point de , et .
En effet :
l'application est linéaire continue ;
;
avec les notations du § suivant, .
Ceci s'applique par exemple :
pour , un espace euclidien, muni de son produit scalaire, et ce produit scalaire. En effet, cette application bilinéaire est continue (comme toute application multilinéaire sur un espace vectoriel normé de dimension finie ou, plus explicitement ici, par l'inégalité de Cauchy-Schwarz : ). On trouve donc : ;
Plus généralement (et par le même raisonnement), soient des e.v.n. et une application multilinéaire. Si est continue alors elle est différentiable en tout point et .
Si est continue, le plus petit réel tel que est égal à . On l'appelle la norme de l'application linéaire, ou norme de subordonnée (à la norme sur ), et on le note ou .
Plus généralement, si sont des espaces vectoriels normés, on définit, pour toute application -linéaire continue , un réel vérifiant .
Soient , et trois espaces vectoriels normés. Si est différentiable en et est différentiable en alors est différentiable en et
.
Fin du théorème
Démonstration
Notons et . Alors :
et sont linéaires continues, en particulier : et (avec la notation O de Landau) ;
;
.
Par conséquent :
est linéaire continue ;
;
et .
Remarque
Dans cet énoncé et sa preuve, il n'est pas indispensable que G soit un espace vectoriel normé : il suffit que ce soit un espace vectoriel topologiqueséparé.
Trois applications du théorème
Sur un espace euclidien, la différentielle de l'application est donnée (voir supra) par , c'est-à-dire : .
De même, la différentielle au point de l'application de dans lui-même est .
Notons la norme euclidienne de . L'application est dérivable en tout . Ainsi, en tout point de , la différentielle de la norme euclidienne est donnée par .
Le lemme suivant est immédiat mais très utile, entre autres pour analyser une fonction à valeurs dans .
Début d'un lemme
Lemme
Une application (à valeurs dans un produit de espaces vectoriels normés) est différentiable en un point si et seulement si chacune de ses composantes (pour de à ) l'est, et alors, .
Fin du lemme
Les propriétés suivantes généralisent les règles usuelles correspondantes pour les fonctions numériques. Elles se déduisent immédiatement du lemme et du théorème de composition ci-dessus, et du calcul général précédent de la différentielle d'une application continue linéaire ou bilinéaire.
Propriété
Soient différentiables en .
Alors :
la somme est différentiable en et ;
pour tout scalaire , est différentiable en et ;
si :
le produit est différentiable en et ,
si , l'inverse est différentiable en et ,
si , le quotient est différentiable en et .
Début de l'exemple
Exemple
Dans l'espace euclidien usuel , l'inversion, de dans lui-même, définie par
,
est différentiable et (d'après le dernier point ci-dessus, joint à la section précédente)
Soient et un point de . On appelle dérivée de au point suivant un vecteur le vecteur dérivé en (s'il existe) de la fonction :
.
Si admet une différentielle en alors elle admet une dérivée en suivant n'importe quel vecteur , et .
Dans le cas et (le -ème vecteur de la base canonique de ), la dérivée au point suivant ce vecteur s'appelle la -ème dérivée partielle de au point :
.
Si admet une différentielle en alors elle admet des dérivées partielles en ce point, et
.
Lorsque de plus , le lemme de la section précédente permet de développer un peu plus la différentielle au point (si elle existe) de l'application
sous forme matricielle :
,
où est la matrice jacobienne de au point :
.
Voici un exemple de calcul : la fonction est différentiable en tout point et sa matrice jacobienne s'écrit : .
Remarques importantes :
De ce qui précède, si f est différentiable en un point a alors f admet des dérivées partielles en ce point mais la réciproque est fausse : On considère la fonction f : définie par si et si . On a et de même : les différentielles partielles existent bien, cependant les nombres 0 et 1 ont des antécédents dans tout voisinage V de l'origine ce qui prouve la discontinuité et donc la non-différentiabilité de f en ce point.
La différentiabilité d'une fonction en un point n'entraîne pas la continuité des dérivées partielles en ce point : la fonction si , prolongée par , est différentiable en avec et , cependant la fonction n'a pas de limite en .
Théorèmes d'égalité et d'inégalité des accroissements finis
L'expression « accroissement fini » provient d'une époque où en calcul différentiel on faisait une distinction entre les accroissements infinitésimaux dx et les accroissements « finis » x1 - x0.
Le segment de départ est ici supposé réel, mais on peut très facilement étendre ensuite le résultat à un segment d'un espace vectoriel normé, en le paramétrant et en appliquant le théorème de composition ci-dessus. L'égalité obtenue s'écrit alors : .
Augmenter la dimension de l'espace d'arrivée est en revanche impossible, comme le montre l'exemple de l'exercice 11.
On conserve cependant la propriété suivante :
Début d’un théorème
Inégalité des accroissements finis pour les fonctions à valeurs vectorielles
Comme cette démonstration le prouve, le théorème ne nécessite que l'existence de dérivée à droite pour les fonctions et .
On peut de plus supposer seulement que ces dérivées à droite existent (et satisfont l'inégalité) sur le complémentaire d'un ensemble dénombrable, comme dans le cas où est à valeurs réelles.
On en déduit immédiatement, en cascade, trois corollaires :
Corollaire 1
Soient deux réels , une fonction continue dérivable sur et un réel tel que
.
Alors,
.
Corollaire 2
Soit une application continue sur un segment et différentiable en tout point de . Alors,
.
Corollaire 3
Soit une application différentiable, étant un ouvert connexe de .
Si alors est constante.
Condition suffisante de différentiabilité d'une fonction définie sur un produit
Si les dérivées partielles d'une application sont définies au voisinage d'un point et continues en ce point, alors est différentiable au point .
Fin du théorème
En effet, le cas général se déduit du cas , or plus généralement (si sont, comme , des espaces vectoriels normés) :
Début d'un lemme
Lemme
Si les dérivées partielles d'une application sont définies au voisinage d'un point et continues en ce point, alors est différentiable au point .
Fin du lemme
Démonstration
La -ème « dérivée partielle » en de désigne ici la différentielle au point de l'application . Nous la noterons .
Sans perte de généralité, . Pour , soit
. On doit démontrer que .
Pour , notons . Ainsi,
, avec
donc .
Par continuité en de et d'après l'inégalité des accroissements finis ci-dessus, on a donc
, ce qui conclut.
Remarque : en scrutant la preuve, on voit que l'une des dérivées partielles (la première, , dans la preuve ci-dessus) n'a pas besoin d'être continue en , ni même définie ailleurs qu'au point . Cf. (en) Tom Apostol, Mathematical Analysis, 2e éd., p. 357, théorème 12.11 (en dimension finie).
Application deux fois différentiable, différentielle seconde
Soit f : U E F une fonction différentiable en un point a U. Il se peut que la fonction df : x dfx soit définie dans un voisinage V U avec a V et différentiable en a. Sa différentielle d(df)a se note alors d2fa et s’appelle la différentielle seconde ou d'ordre 2 de f en a : dfa+h = dfa +d2fa(h) +‖h‖E ε(h) avec . Il faut noter que d2fa(E, (E, F)) autrement dit, pour tout h E on a d2fa(h) (E, F). L'application (h, k) d2fa(h)(k) est linéaire à la fois en h et en k. Les espaces (E, (E, F)) et (E, E; F) (l'espace des applications bilinéaires continues de E × E dans F) sont isomorphes si bien que d2fa s'identifie à un élément de (E, E; F). En effet, l’application L : (E, (E, F)) (E, E; F)) définie par L(f)(h, k) = f(h)(k) est une application linéaire bijective, sa réciproque L-1 : (E, E; F)) (E, (E, F)) étant définie par L-1(g)(h)(k) = g(h, k). On notera donc par abus d'écriture d2fa(h)(k) = d2fa(h, k).