Topologie générale/Continuité et homéomorphismes
Au lycée, on dit d'une fonction qu'elle est continue si on peut la tracer sans lever le crayon. Mais considérons une courbe de longueur infinie : impossible de la tracer avec un crayon ! La notion de continuité s'est clarifiée au XIXe siècle, grâce notamment aux travaux de Cauchy.
Limite
modifierSoient et deux espaces topologiques, une partie de , une application, un point adhérent à et un point de .
On dit que a pour limite au point si, pour tout voisinage de , il existe un voisinage de tel que .
Sous les hypothèses de la définition :
- est nécessairement adhérent à ;
- si est séparé et si une telle limite existe alors elle est unique, ce qui légitime dans ce cas la notation .
Pour tout voisinage de , est inclus dans et (puisque ) non vide, donc :
- pour tout voisinage de , est non vide ;
- pour tous voisinages respectifs et de deux limites et , est non vide (ce qui, si l'espace est séparé, prouve que ). En effet, il existe deux voisinages et de tels que ; leur intersection est alors un voisinage de (donc ) et .
Continuité en un point
modifierSoient et deux espaces topologiques, une application et un point de . On dit que est continue au point si a pour limite au point .
est continue au point si et seulement si l'image réciproque par de tout voisinage de est un voisinage de :
- .
Soit . Pour tout , on a donc .
L'application est continue au point car égale à , avec continue au point et continue au point .
Continuité globale
modifierSoient et deux espaces topologiques et une application.
On dit que est
- continue (sur ) si elle est continue en tout point de ;
- un homéomorphisme lorsqu'elle est bijective et que et sont continues.
Les propriétés suivantes sont équivalentes :
- l'application est continue ;
- l'image réciproque par de tout ouvert de est un ouvert de ;
- l'image réciproque par de tout fermé de est un fermé de ;
- pour toute partie de , ;
- pour toute partie de , ;
- pour toute partie de , .
- 1 ⇔ 2 : d'après la définition locale, f est continue en a si et seulement si, pour tout ouvert O de Y tel que a appartienne à f–1(O), f–1(O) est voisinage de a. Donc f est continue en tout point si et seulement si, pour tout ouvert O de Y, f–1(O) est voisinage de chacun de ses points, c'est-à-dire est ouvert.
- 2 ⇔ 3 : par passage aux complémentaires.
- 3 ⇒ 5 : en posant G = B.
- 5 ⇒ 4 : en posant B = f(A) et en utilisant le fait que A est inclus dans f –1(f(A)).
- 4 ⇒ 3 : en posant A = f –1(G) et en utilisant le fait que f(f –1(G)) est inclus dans G.
Les propriétés 1 à 5 sont donc équivalentes. Enfin :
- 5 ⇒ 6 : en appliquant 5 à B = C et à B = Y\C et en prenant l'intersection membre à membre de part et d'autre des deux inclusions obtenues ;
- 6 ⇒ 3 : en utilisant qu'une partie est fermée si et seulement si elle contient sa frontière.
1 ⇒ 2 (resp. 1 ⇒ 3) est souvent utile pour démontrer :
- qu'une partie est ouverte (resp. fermée). Par exemple, tout hyperplan affine de est de la forme avec et forme linéaire sur (nécessairement continue), donc est un fermé de ;
- qu'elle ne l'est pas. Par exemple dans , et ne sont ni ouverts, ni fermés car dans , et ne sont pas ouverts et et ne sont pas fermés.
Continuité et espaces produits
modifierSoit une famille d'espaces topologiques, l'espace produit et un espace topologique.
- Les projections canoniques sont à la fois :
- continues (l'image réciproque d'un ouvert de est un ouvert de ) ;
- ouvertes (l'image directe d'un ouvert de est un ouvert de ).
- Une application est continue si et seulement si ses composantes le sont.
- Si une application est continue alors ses applications partielles le sont (l'application partielle associée à un point et à indice étant : où et ).
L'application est continue car ses composantes le sont, en tant que fonctions polynomiales (homogènes de degré 2) en les éléments de la matrice.
Caractérisation séquentielle
modifierSi tout point de admet une base de voisinages (finie ou) dénombrable — en particulier si est un espace métrique — on dispose de caractérisations plus intuitives de l'adhérence et de la continuité :
Si tout point de admet une base dénombrable de voisinages, alors, pour tout point et toute partie de :
- est adhérent à (si et) seulement s'il est limite d'une suite d'éléments de ;
- si est adhérent à , une application a pour limite au point si (et seulement si) pour toute suite dans de limite , la suite a pour limite .
- par conséquent, une application est continue au point si (et seulement si) pour toute suite de limite , la suite a pour limite .
Soit une base de voisinages de , que l'on peut supposer décroissante (quitte à remplacer chaque par son intersection avec les précédents). Le principe est que toute suite telle que converge alors vers .
- Si est adhérent à , comme chaque rencontre , on peut choisir a .
- Raisonnons par contraposition. Si n'est pas limite de en , il existe un voisinage de dont l'image réciproque ne contient aucun . En choisissant dans chaque un tel que , on construit une suite de limite dont l'image n'admet pas pour limite.