Calcul différentiel/Exercices/Différentiabilité
Exercice 1
modifierOn se propose d'étendre aux espaces vectoriels normés le théorème « limite de la dérivée », et de le renforcer en allégeant ses hypothèses. Soient et deux espaces vectoriels normés, un ouvert de et un point de .
- Soit une application continue au point , différentiable sur , et dont la différentielle admet au point une limite : .
À l'aide de l'inégalité des accroissements finis, démontrer que est différentiable au point et . - Application : montrer que la fonction
est de classe C1. - Soit une application différentiable et dont la différentielle admet une limite au point . À l'aide du critère de Cauchy pour une fonction, démontrer que si est complet et , alors elle-même admet une limite en (si bien que d'après la question précédente, elle se prolonge en une fonction de classe C1 en ce point).
- Quelle variante de la question 3 peut-on énoncer si ?
1°) Posons, pour tout tel que :
- .
Alors, est continue en et si , . La fonction
(définie pour suffisamment petit) vérifie donc :
- .
Enfin, d'après l'inégalité des accroissements finis,
- ,
ce qui prouve que .
2°) est évidemment C∞ sur et continue en .
En tout point , donc . De même, .
D'après la question 1) ceci prouve que et est de classe C1 en .
Mais pas deux fois différentiable, car donc n'est pas définie (de même, non plus).
3°) Il s'agit de démontrer que .
Puisque admet une limite en , il existe tels que .
Pour , si , on déduit alors de l'inégalité des accroissements finis que
- .
Si , il suffit d'utiliser un vecteur auxiliaire , non colinéaire à et (c'est ici qu'on a besoin que soit de dimension ) et de norme : on aura
- .
4°) Si (complet) est dérivable et si sa dérivée admet une limite à droite au point , alors elle-même admet une limite à droite en (et de même en remplaçant partout « droite » par « gauche » et par ).
Exercice 2
modifierSoit une algèbre de Banach unifère, c'est-à-dire une -algèbre unifère munie d'une norme :
- sous-multiplicative (c'est-à-dire telle que ) ;
- pour laquelle est complète
(par exemple : l'algèbre munie de la norme , où est un espace de Banach).
Démontrer que :
- (où désigne l'élément unité de et par convention, ) ;
- dans , le groupe des éléments inversibles est ouvert ;
- l'application est différentiable et ;
- l'application est même de classe C∞.
- Dans le cas particulier , retrouver directement le résultat des questions 2, 4, puis 3.
1°) La série est absolument convergente car est majoré par , qui est le terme général d'une série géométrique convergente. La multiplication est continue (sa norme d'application bilinéaire vaut ) donc et de même, .
2°) Soient et . Soit de norme . Alors (d'après la sous-multiplicativité) donc (d'après la question précédente) est inversible. L'élément étant inversible, le produit l'est aussi ; ainsi , ce qui prouve que est ouvert.
3°) Montrons d'abord que est différentiable en et . Pour tout de norme , et .
Pour et comme dans la question 2, on se ramène à la formule précédente « par translation » : pour tout de norme , donc est différentiable en et pour tout , .
4°) est la composée de par deux applications de classe C∞ : l'application (linéaire continue) et l'application (bilinéaire continue). On en déduit par récurrence que est de classe Cn pour tout n : c'est acquis pour n = 0 et si est de classe Cn alors aussi, donc est de classe Cn+1.
5°) Si , est l'ouvert des matrices de déterminant non nul, et est de classe C∞ sur cet ouvert puisque l'expression d'une matrice inverse par la formule des cofacteurs est une fonction rationnelle des coefficients de . Enfin, l'identité donne, par différentiation :
- ,
d'où
- .
- Références
-
- François Laudenbach, Calcul différentiel et intégral, éd. École Polytechnique, 2000 (ISBN 978-2-73020724-9) [lire en ligne], p. 58
- Jean Dieudonné, Éléments d'analyse, t. I
- Fondements de l'analyse moderne, exemple (8.12.1)
- Ralph Abraham, Jerrold E. Mardsen et Tudor Ratiu, Manifolds, Tensor Analysis, and Applications [lire en ligne], p. 104-105
Exercice 3
modifierSoient un espace vectoriel normé, un ouvert de contenant et une fonction continue et admettant par rapport à sa seconde variable une fonction différentielle continue sur . Pour fixé, dans l'espace des applications continues (muni de la norme de la convergence uniforme), on considère l'ouvert de celles qui vérifient : .
Démontrer que l'application définie par est continûment différentiable et que .
En notant et , on a, d'après l'inégalité des accroissements finis :
donc
L'image par du compact est un compact et l'application est continue sur donc (par une généralisation du théorème de Heine) : .
Ceci prouve que et termine la démonstration de . La fonction est donc bien celle annoncée. De plus, elle est continue car .
Exercice 4
modifierSoient , un espace vectoriel normé et l'espace des fonctions de dans , de classe C1 et nulles en , muni de la norme , où est la norme de la convergence uniforme. Montrer que l'application est de classe C1.
Montrons que les deux dérivées partielles de ( par rapport à et par rapport à ) existent et sont continues.
- existe : pour tout , l'application est linéaire et continue (car ) donc différentiable en tout point , et (indépendante de ).
- est continue : l'application , de dans , est continue et même -lipschitzienne : pour tout , donc .
- existe : par définition.
- est continue : pour tous et ,
quand et .
Exercice 5
modifierSoient et deux e.v.n. réels. Une application est dite homogène de degré si .
- Parmi les fonctions homogènes de degré , lesquelles sont continues en ?
- Montrer que si est homogène de degré et bornée sur la sphère unité, alors est continue en .
- Montrer que si est homogène de degré et différentiable en , alors ou bien est linéaire (et ), ou bien et .
- Montrer que si est homogène de degré et bornée sur la sphère unité, alors est différentiable en (et ).
- Application : étudier la continuité et la différentiabilité en des fonctions définies par
- si et ;
- si et ;
- si et (discuter suivant les valeurs de ).
- Les fonctions constantes (pour que ).
- Sous ces hypothèses, on a bien
- Sous ces hypothèses (et en utilisant l'exercice précédent), est égal à si , et à si .
- Sous ces hypothèses, tend bien vers quand (pour variant arbitrairement sur la sphère unité).
- et sont homogènes de degré et (par continuité sur un compact) bornées sur le cercle unité, mais non linéaires, donc continues mais non différentiables en .
Quant à , remarquons d'abord qu'elle est bien définie. En effet, pour tout , .
est homogène de degré et bornée sur le cercle unité (comme et ), mais n'est jamais constante ni linéaire (quels que soient et ). D'après les questions précédentes, en , elle est donc continue si et seulement si et différentiable (de différentielle nulle) si et seulement si .
Exercice 6
modifier- Soient de classe C1 et de classe C1. On considère
- .
- Montrer que est bien définie sur , de classe C1 et calculer .
- Application :
- où est définie par :
- .
- La fonction est bien définie et de classe C1 (car d'après ce qui suit, ses trois dérivées partielles sont définies et continues grâce aux hypothèses) donc aussi.
- ,
- ,
- donc (dérivée d'une fonction composée) :
- .
- , , .
, , .
(La dernière égalité utilise l'identité remarquable sur la somme de deux arctan.)
Exercice 7
modifier- Soient et deux fonctions différentiables. Exprimer les dérivées partielles de à l'aide de celles de et de .
- Application à . Soit une fonction différentiable sur .
- On pose et . Exprimer et à l'aide des dérivées partielles de (autrement dit : exprimer en coordonnées polaires les opérateurs différentiels et ).
- Plus généralement, exprimer et à l'aide des dérivées partielles de .
- Exprimer de même le « laplacien en coordonnées polaires », c'est-à-dire , où , à l'aide des dérivées partielles premières et secondes de .
- Trouver toutes les fonctions différentiables vérifiant : et admettant une limite en .
- En développant , on trouve :
et
. - donc
et
.- et
. - donc
Un autre méthode est d'utiliser la sous-question précédente :
donc
;
donc
.
et
donc
.
- et
- ,
où est une fonction différentiable -périodique, et f admet une limite en si et seulement si est constante.
Exercice 8
modifierSoient et deux -espaces vectoriels normés ( ou ), un cône de , une application différentiable, et un élément de .
Montrer que est positivement homogène de degré (c'est-à-dire ) si et seulement si elle vérifie la condition d'Euler :
- .
est positivement homogène de degré si et seulement si pour tout , la fonction est constante, c'est-à-dire si sa dérivée est nulle :
- ,
ou encore :
- ,
ce qui équivaut bien à la condition d'Euler :
- .
Exercice 9
modifierSoient et deux fonctions différentiables. Justifier que les applications suivantes sont différentiables et calculer leur différentielle.
- ;
- ;
- ;
- ;
- ;
- avec linéaire donc est différentiable et , c'est-à-dire
autrement dit : est dérivable et . - avec linéaire donc est différentiable et , c'est-à-dire
. - avec linéaire donc est différentiable et
, c'est-à-dire
. - avec polynomiale. , donc est différentiable et
, c'est-à-dire
. - avec polynomiale. , donc est différentiable et
, c'est-à-dire
.
Exercice 10
modifierSi est une application différentiable de dans , on note
- .
- Calculer pour .
- Justifier que si et sont des applications telles que , alors .
- Soient et . Si , alors
et
.
Ou plus simplement : dire que revient à dire qu'en tout point, la matrice jacobienne de est une matrice de similitude directe ou la matrice nulle, or l'ensemble de ces matrices est stable par produit.
Remarque : vue comme fonction de dans , l'application de la première question est . De même, pour tout entier , l'application correspondant à vérifie .
Voir aussi : Fonctions d'une variable complexe/Fonctions holomorphes.
Exercice 11
modifierOn considère la fonction . Montrer que pour tous réels distincts et , il n'existe aucun réel tel que .
Pour tout réel ,
- ,
alors que si ,
- .
Il n'y a donc pas d'égalité des accroissements finis pour les fonctions à valeurs vectorielles. Remarquons que pour , on a même .
Exercice 12
modifierSoit .
- Justifier que est différentiable.
- Montrer que , où désigne la norme subordonnée à la norme euclidienne sur .
- En déduire que pour tout , la suite définie par est convergente.
- est même de classe C∞ car ses deux composantes et le sont : et , où sont les deux projections canoniques.
- La matrice jacobienne de au point est donc .
- D'après l'inégalité des accroissements finis, est -lipschitzienne. On conclut grâce au théorème du point fixe de Picard-Banach.
Exercice 13
modifierDéterminer les fonctions dérivables telles que .
En dérivant cette équation fonctionnelle par rapport à et à , on trouve :
- .
Si n'est pas constante, il existe tel que et l'on a alors :
donc
- , avec donc .
Les seules solutions possibles sont donc les fonctions constantes et l'application identité. Réciproquement, ces fonctions sont bien solutions.
Pour une étude complète de cette équation fonctionnelle, voir Topologie générale/Exercices/Topologie de R ou C#Exercice 4.
Exercice 14
modifierRedémontrer directement le corollaire 1 du cours (dont le corollaire 2 est une conséquence immédiate très utile) dans le cas particulier plus simple où est l'espace euclidien , c'est-à-dire :
- Soient et continue sur et dérivable sur . Si alors .
Indication : appliquer le théorème des accroissements finis usuel à la fonction .
est continue sur et dérivable sur , avec .
D'après le théorème des accroissements finis, , d'où
, qui donne l'inégalité voulue.
Exercice 15
modifierSoient et deux e.v.n. et une application. La dérivée directionnelle de en un point selon un vecteur est par définition la limite suivante, lorsqu'elle existe :
- .
- Vérifier que si cette dérivée directionnelle selon existe, alors celle selon existe aussi et est le produit par de celle selon (pour tout scalaire ).
- Montrer que si est différentiable en alors sa dérivée directionnelle en selon existe et est égale à (pour tout vecteur ).
- Montrer que si, pour toute courbe telle que et , la fonction est dérivable en , alors admet en une dérivée directionnelle selon .
- Si , c'est trivial. Supposons donc et posons . Alors, et .
- ,
avec donc . (D'après la question précédente, on pourrait même se limiter au cas où est unitaire.) - Il suffit de considérer la courbe rectiligne .